L’Autre Bénin ONG engagée pour la protection de la biodiversité dans le Mono-Couffo

23
août
2019

L’Autre Bénin ONG engagée pour la protection de la biodiversité dans le Mono-Couffo

Le territoire du Delta du Mono possède une biosphère riche et diverse. Il abrite non seulement de nombreuses espèces végétales rares mais il est également l’habitat des espèces animales en voie de disparition comme les sitatungas, les singes à ventre rouge ou les pangolins. La protection de la biodiversité et une bonne gestion des ressources naturelles sont des enjeux clés de tout développement durable. Néanmoins, des experts constatent depuis des décennies un appauvrissement croissant de la biodiversité, une déforestation progressive et une irréversible disparition des zones humides. L’Autre Bénin ONG se consacre à ces problèmes à travers la réalisation des Aires Communautaires de Conservation de la Biodiversité (ACCB) du Lac Togbadji et de Dévé dans les communes de Lokossa et de Dogbo.

Les enjeux cruciaux de la protection de biosphère au Delta du Mono

Les pressions destructives et dites « anthropiques » (= causées par l’Homme) sur la biosphère du Delta du Mono sont nombreuses. Notamment le défrichement des terres à des fins agricoles, la pollution d’eau et du sol liée à la culture de coton, le braconnage de diverses espèces et l’exploitation des carrières de graviers représentent des menaces fondamentales pour la biodiversité et des ressources naturelles dans la région. Pourtant, une biosphère intacte et riche est cruciale pour le développement des territoires locaux et au-delà. En particulier, les forêts et les zones humides assurent la souveraineté alimentaire des populations, fournissent des abris aux espèces variées, servent à la purification d’air et aident à atténuer le changement climatique local et mondial. Ce sont ces services essentiels que ces zones apportent aux nombreuses échelles, qui font de leur conservation une tache incontournable des populations locales ainsi que de la communauté internationale. L’Autre Bénin ONG travaille ensemble avec des acteurs locaux et internationaux afin de contribuer à ce défi crucial du 21ème siècle.

Image 1 : Les pressions anthropiques peuvent endommager la biosphère, par exemple la fertilité des sols.

La conservation de la biodiversité à travers des réserves naturelles

La mise en place de deux Aires Communautaire de Conservation de la Biodiversité dans le Mono-Couffo est au cœur de l’action de L’Autre Bénin ONG dans le domaine de la protection de la biodiversité. Pour ce projet, des acteurs divers, notamment le Ministère du Cadre de Vie et du Développement Durable, la GIZ (Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit), des associations locales et L’Autre Bénin ONG ont travaillé en synergie dans le cadre de l’initiative « Reserve de Biosphère Transfrontalière (RBT) » entre le Bénin et le Togo. La vision de cette démarche est que « A l’horizon 2025, les écosystèmes de l’aire communautaire de conservation (…) sont conservés, restaurés et gérés pour le développement durable et équitable des communautés à la base ». (Pour plus d’information sur le contexte du projet, cliquez ici)

Les aires de protection installées avec le soutien de L’AUTRE BENIN ONG couvrent plus de 600 ha et sont réparties en des zones distinguées : Aire de transition, zone tampon et zone centrale. L’aire de transition représente la zone périphérique dans laquelle des activités socio-économiques compatibles avec le maintien des réserves naturelles doivent être développées. A l’intérieur de cette zone se trouve la zone tampon marquant le passage au cœur de la réserve, l’air centrale. Bien que des activités comme l’agriculture ou la chasse doivent se conformer aux règles définies dans le règlement des aires protégées dans la sphère tampon, toute activité humaine est interdite dans l’aire centrale. Seulement la surveillance et des initiatives à des fins de recherche ou des activités traditionnelles pratiquées par les populations locales peuvent être autorisés dans cette zone.

Image 2 : Carte de l’ACCB de Togbadji et ses zones différentes. Source : Plan d’aménagement de l’ACCB Togbadji 2018.

Une approche approfondie et participative

La réalisation de ce deux aires dans les communes de Lokossa et de Dogbo est caractérisée par une approche multisectorielle. Le projet met l’accent non seulement sur la dimension écologique du développement durable, mais vise également à améliorer la situation économique des populations locales et inclue une forte dimension participative. Les activités génératrices de revenus des populations riveraines des réserves naturelles consistent principalement en l’agriculture, la pêche, la chasse et l’exploitation du raphia – des domaines qui compromettent le développement des ressources naturelles du territoire. Un objectif du projet est d’orienter ces populations vers des activités alternatives et durables (p.ex. l’agroécologie) qui préservent l’environnement et la biodiversité tout en facilitant la prospérité économique de la population.

En plus de cela, une approche participative facilite la prise en compte des besoins et potentiels des populations riveraines ainsi que la gestion locale des aires protégées. Le zonage du territoire à l’aide d’un processus de cartographie participative a été une étape importante du projet mobilisant de nombreux acteurs du territoire. En outre, une gestion locale des aires est garantie par deux associations, ACCB-Efiohoué et ACCB-Sehouedokoun, qui ont vues le jour sur l’initiative de L’Autre Benin ONG en 2018. Cette dimension inclusive assure à travers l’ancrage dans les communautés locales la pertinence et la continuation du projet.

Même si l’initiative n’en est qu’à ses débuts, les premiers succès peuvent déjà être constatés. A titre d’exemple, des associations locales observent une forte augmentation d’espèces animales en voie de disparition comme le sitatunga grâce à une plus faible intervention humaine dans les aires centrales des réserves. Les années à venir verront des effets à long terme et l’impact des aires protégées dans le Mono-Couffo sur la protection de la biodiversité à toutes les échelles.

Image 3 : Vue sur le Lac Togbadji à Bakpohoué.

Auteur & Image : S. Dolinga